- ‘ABBASIDES
- ‘ABBASIDESDynastie de califes arabes, fondée par al-‘Abb s, oncle de Mahomet, les ‘Abb sides régnèrent de 750 à 1258 à Bagdad. À l’origine, ils étendaient leur pouvoir sur la quasi-totalité du monde musulman. Puis des régions de plus en plus nombreuses leur échappèrent, même si elles leur reconnaissaient dans beaucoup de cas une autorité théorique. À l’intérieur même des territoires qu’il continuait à contrôler directement, le calife voyait son pouvoir réel diminuer de plus en plus.La révolution ‘abb size=5sideLa dynastie ‘abb side accéda au pouvoir à l’issue d’une véritable révolution contre les Omeyyades. Ceux-ci, représentants de la vieille aristocratie mecquoise qui avait longtemps combattu Mahomet, étaient depuis 660 environ, en tant que califes, successeurs et lieutenants du Prophète, à la tête d’un empire arabe dont la capitale était Damas. Les Arabes dominaient et exploitaient un immense empire qui s’étendait de l’Inde et des confins de la Chine au sud de la France. Cet empire était habité en grande partie de peuples autres qu’arabes ou musulmans. C’était le début du processus d’islamisation et, pour certains peuples, d’arabisation – la dynastie omeyyade mettant davantage l’accent sur le pouvoir arabe que sur la foi musulmane. Au Khorass n, les mécontentements diffus se cristallisèrent autour d’un chef militaire, Ab Muslim. Celui-ci forma un groupe révolutionnaire au nom d’Ibr h 稜m ibn Mu ムammad, descendant de l’oncle du Prophète, al-‘Abb s.Ce groupe avait pour programme le remplacement de la dynastie des Omeyyades par un calife issu de la famille du Prophète sans plus de précisions sur la personne dont il pouvait s’agir. Cet avènement devait signifier un retour à la pureté supposée de l’islam originel, un État plus profondément musulman où les Iraniens islamisés auraient une place égale à celle des Arabes. Ab Muslim réunit autour de lui, en plus des Arabes opposés aux Omeyyades, des indigènes iraniens, de petites gens et des esclaves enfuis, qui donnèrent, semble-t-il, au mouvement un certain caractère social. Ab Muslim déclencha l’opération en 747 et la victoire fut acquise à la bataille du Grand Z b en 750. Ibr h 稜m étant mort entre-temps, Ab Muslim proclama calife son frère Ab l-‘Abb s, dit as-Saff ム, en 749 à K fa.L’empire ‘abb size=5sideLe pouvoir central ‘abb side se déplaça de Syrie en Irak et y prit pour capitale Bagdad, ville neuve, fondée en 762.Les ‘Abb sides prétendirent appliquer la doctrine de l’islam idéal, interprétée comme préconisant une société sans classes, une fraternité de croyants sous l’autorité d’un chef politico-religieux, issu de la famille du Prophète, faisant régner la justice et l’ordre selon les préceptes du Coran et de la tradition. Les juges (q d 稜 ), nommés désormais par le calife, devaient appliquer la šar 稜‘a (loi religieuse) considérée théoriquement comme la seule norme valable. Cependant, un vizir (waz 稜r ), au titre à résonance religieuse, était bientôt chargé de réorganiser une administration qui avait tendance à proliférer. Celle-ci comprenait des secrétaires (kutt b ) répartis en deux clans: les chrétiens nestoriens liés au sunnisme et défenseurs de l’autorité du calife, et les musulmans sh 稜‘ites tablant au contraire sur la faiblesse du souverain.L’armée, composée de Khorassaniens fidèles au souverain et d’Arabes, était un autre pilier de l’État. Ceux de ces derniers qui combattaient aux frontières étaient de plus en plus organisés selon un mode autonome et coupés de l’armée régulière proprement dite. Les autres, stationnés à l’intérieur du pays, étaient un élément de désordre et perdirent bientôt leur droit à pensions. C’était la fin du privilège ethnique arabe, résultat le plus sûr de la révolution.Les luttes extérieures furent limitées, les frontières de l’Islam étaient stabilisées après les grandes conquêtes omeyyades. Face à Byzance et aux Khazars les fronts bougèrent peu.La période ‘abb side fut marquée par un immense essor économique. Des échanges commerciaux intenses entre les différentes régions de l’empire et avec l’extérieur permettaient une division du travail poussée et des spécialisations locales ou régionales. Des richesses énormes s’accumulaient entre les mains des commerçants et des propriétaires fonciers. Les villes se développaient. L’État omeyyade où dominaient la caste militaire arabe et la propriété rurale se transforma en un empire urbain, cosmopolite, bureaucratique avec un secteur développé de capitalisme financier et commercial. Bagdad étant située dans l’ancien domaine sassanide, la tradition iranienne donna le ton à une vie sociale et culturelle où s’étalait le luxe le plus éblouissant. La littérature et l’art étaient alors à leur apogée.Les premiers califes ‘abb sides, Ab l-‘Abb s as-Saff ム (749-754), Ab face="EU Caron" ィa‘far al-Mans r (754-775), al-Mahd 稜 (775-785) et H r n ar-Raš 稜d (786-809) durent lutter pour défendre leur pouvoir contre les soulèvements révolutionnaires qui canalisaient les déceptions provoquées par l’aboutissement de la révolution et les «idéologisaient» en doctrines politico-religieuses au sein de multiples sectes. L’exécution d’Ab Muslim par Mans r marqua la rupture avec l’extrémisme. Les Kh ridjites et, en Syrie, les partisans des Omeyyades fomentaient des troubles. Dans le milieu sh 稜‘ite déçu par la révolution, un courant qui s’affirmait peu à peu reportait ses espoirs sur les descendants directs du Prophète par F レima, déniant tout droit aux descendants de ‘Abb s. En Iran, de nombreux mouvements apparaissaient qui mêlaient les revendications sociales, religieuses et d’égalité ethnique. L’empire perdit l’Occident. Dès 756, l’Espagne se donna un prince omeyyade. Au Maghreb, des États kh ridjites et autres se constituaient malgré les répressions. En 800, le califat passa un accord avec les Aghlabides qui régnaient en Tunisie et à Tripoli. Ils reconnaissaient l’autorité de Bagdad, mais gardaient cependant une certaine autonomie.En 803, H r n ar-Raš 稜d se débarrassa des vizirs de la famille de Barmak (les «Barmécides») qui gouvernaient depuis dix-sept ans. Il s’agissait, avant tout, sans doute, d’écarter des personnages devenus trop puissants. Mais le problème du sh 稜‘isme alide, que les Barmécides avaient essayé de régler par la douceur, passa au premier plan sous le règne de Ma’m n (814-833), fils de H r n.Après avoir vaincu son frère Am 稜n (809-814), Ma’m n donna la prépondérance aux influences orientales sur l’élément irakien. Il proclama un Alide héritier du trône et adopta comme doctrine officielle le mo‘tazilisme, qui créait un terrain d’entente avec le sh 稜‘isme modéré. Il persécuta les opposants doctrinaux et notamment A ムmad ibn ネanbal dont se réclamera par la suite un mouvement sunnite extrémiste à base largement populaire.Le désordre financier, aggravé par le luxe de la cour et dû sans doute à des causes plus profondes, faisait sentir de plus en plus ses effets corrosifs. Vers le second tiers du IXe siècle, les militaires turcs eurent une influence grandissante et bénéficièrent de l’affermage des revenus d’État, pratique de plus en plus courante. Ils dominèrent finalement le calife. Les ‘Abb sides quittèrent Bagdad, où le peuple leur était hostile, et s’installèrent dans la nouvelle ville de S marr de 833 à 892. Mutawakkil (847-861) se rapprocha des bases populaires en renonçant au mo‘tazilisme et en réagissant contre les sh 稜‘ites, les chrétiens et les juifs. Mais l’évolution centrifuge s’accentua. Les dynasties t hiride (820-872), çaff ride (867-903) et s m nide (874-999), en Iran, et les Toulounides (868-905), en Égypte et en Syrie, se rendirent pratiquement indépendants. L’Irak ne fut pas épargné: les Zan face="EU Caron" ギ, esclaves noirs des plantations irakiennes, se révoltèrent (869-883). Mowaffaq qui détenait le pouvoir réel sous le règne de son frère Mu‘tamid (870-892) rétablit l’ordre en Irak; il mit fin à l’anarchie créée par les prétoriens turcs, mata les Zan face="EU Caron" ギ et limita les empiétements des dynastes iraniens. Grâce à leur énergie, les califes Mu‘ta ボid (892-902) et Muktaf 稜 (902-908) réussirent des prouesses semblables.Mais les problèmes demeuraient entiers et se compliquèrent d’éléments nouveaux. Le sh 稜‘isme extrémiste canalise, sous la forme révolutionnaire de l’ismaélisme, de multiples mécontentements diffus. À partir de 890, les qarmates ismaéliens secouent tout le Proche-Orient. En 909, un calife ismaélien prit le pouvoir au Maghreb. La dynastie bédouine ha ュd nide (929-1003) s’installa au nord de l’Irak. Les bouïdes, sh 稜‘ites iraniens des montagnes du Daylam (932-1055), fondèrent une dynastie en Iran. Le prince bouïde Mu‘izz al-Dawla prit Bagdad, en 945, et se fit nommer par le calife émir suprême (am 稜r al-umar ’ : titre créé en 936). Cette nomination lui conférait pratiquement la totalité du pouvoir.Le califat protégé d’IrakLe calife passa alors sous le protectorat du souverain bouïde, appuyé par les soldats daylamites. Désormais, les califes, qui conservaient la souveraineté théorique sur tout l’Islam sunnite, furent à la merci des souverains temporels. Quoique sh 稜‘ites modérés, ces bouïdes se gardèrent bien de remplacer le calife sunnite par un im m sh 稜‘ite qui aurait eu trop d’autorité propre. Ils défendirent même sa suprématie ainsi que, bien entendu, leurs intérêts politiques et économiques, contre le califat concurrent des F timides, établi en Égypte depuis 969, qui se rattache à l’extrémisme sh 稜‘ite ismaélien.L’émiettement du pouvoir bouïde aboutit à la victoire des Turcs seldjoukides de tendance sunnite. Leur chef Tugrïl-Beg entra à Bagdad en 1055 et prit le pouvoir avec le titre nouveau de sultan, et la protection du calife. En dépit de l’intermède curieux de l’année 1059, qui vit le chef turc Bas s 稜r 稜 occuper Bagdad et y faire prononcer le prône au nom du calife f レimide, le pouvoir seldjoukide se maintint solidement pendant un certain temps et mena un combat vigoureux pour le sunnisme et contre le sh 稜‘isme. L’immigration des Turcs s’accentua et marqua le début de leur suprématie dans le Proche-Orient, qui devait durer jusqu’en 1918.L’émiettement de l’État seldjoukide fut la chance des califes qui parvinrent à regagner une partie de leur pouvoir temporel en utilisant les rivalités des Seldjouks et de leurs atabeks. Musta ワhir (1094-1118) fut le premier à user de cette politique avec quelque succès. En 1171, l’Égypte reconnaissait une nouvelle fois le califat ‘abb side. Le calife N ルir (1180-1225) joua un grand rôle politique et idéologique. Il reconquit certaines régions de l’Iran occidental en combattant le Khw rizm Sh h ‘Al ’ ad-d 稜n. Il se rapprocha des sh 稜‘ites et même des ismaéliens et réorganisa une sorte de franc-maçonnerie (futuwwa ) pour servir ses ambitions. Ses faibles successeurs ne purent qu’attendre le coup fatal que leur portèrent les Mongols lorsque H l g s’empara de Bagdad le 10 février 1258 et fit exécuter le dernier calife, Musta‘sim.Le califat ‘abb size=5side du CaireDe 1261 à leur chute en 1517, les sultans mamelouks du Caire entretinrent à leur cour des califes de la famille ‘abb side. Ceux-ci, en figurant aux cérémonies d’intronisation, leur apportaient une référence traditionnelle et un semblant de lustre. Aussi, quelques rares souverains étrangers, pour les mêmes raisons, leur accordèrent un certain crédit. Mais ils ne détenaient pas le moindre pouvoir politique. En annexant l’Égypte en 1517, le sultan ottoman Sélim Ier abolit ce pseudo-califat. Le récit sur la transmission par le dernier «calife» de ses prérogatives au sultan ottoman paraît apocryphe.
Encyclopédie Universelle. 2012.